Radio Phénix fête ses 20 ans !
20 ans ! Cela fait 20 ans que quelques étudiants, se comptant sur les doigts d’une main, ont entrepris…
À l’occasion de la semaine du 25 novembre, Radio Phénix a sélectionné quinze morceaux abordant les violences sexistes et sexuelles. 15 artistes apportent un regard personnel sur des violences subies ou observées. Une playlist qui monte crescendo : des coups, à la réappropriation de son corps ; de la peur, à la haine ; de la colère, à la résilience. Les récits sont pluriels et nous proviennent aussi bien des talents émergents de la scène française comme Angie, BabySolo33, Kalika ou encore Yoa, que des voix plus reconnues internationalement, telles que Jorja Smith, Rosalia ou Raye.
Bonne écoute !
1 – Balayette – BabySolo33 (2021)
Dans ce single, la Princesse Y2K française BabySolo33 relève avec brio le challenge de faire bouger les têtes sur un texte grave. Sans mâcher ses mots, la « baby émotive » revient sur des violences conjugales vécues. Le contraste entre la dureté du sujet abordé et la légèreté des sonorités rétro-nostalgiques bouleverse totalement.
2 - Ice Cream Man. – RAYE, My 21st Century Blues (2023)
Comment parler de l’année 2023 sans évoquer RAYE et My 21st Century Blues ? Ce premier album triomphe comme une revanche sur l’industrie musicale dans laquelle la compositrice britannique évolue depuis dix ans.
Plusieurs morceaux de l’album pourraient figurer dans cette playlist, comme Black Mascara ou Flip A Switch. Cependant, Ice Cream Man résonne tout particulièrement par son refrain revendicateur d’une liberté et d’une confiance retrouvées : « Cause I’m a woman. I’m a very fucking brave strong woman ». Et c’est ce qu’il faut retenir de cette masterclass orchestrée par Raye, à travers cet album déjà masterpiece.
3 – FM4X – Angie, L’Amoroso (2023)
À travers L’Amoroso, premier EP sorti en avril dernier, la sensible Angie se livre sur ses expériences amoureuses. Les heureuses, comme les plus sombres. Dans FM4X, il est question de première relation, de pleurs et de peau qui devient violette…
4 – Quatre heures du matin – Lous and The Yakuza, Gore (2020)
Titre glaçant tiré du premier album de la chanteuse belge. Dans une écriture froide, Lous y décrit un viol en alternant de point de vue : celui de la victime, puis celui des agresseurs. « Les diables n’ont pas de couleur », définitivement.
5 – Soleil Mort – Eloi, Pyrale (2022)
« Amour funèbre plein d’opiacé/ J’ai pris la porte au passage/ Des incidents qui ont cassé/ Des sentiments bien entassés ».
Récit d’une génération désillusionnée à l’avenir incertain, ou témoignage de violences au sein d’un foyer ? C’est ce qu’on aime chez Eloi : la lecture plurielle que provoque l’écoute de ses morceaux hyper pop. Alors, on vous laisse interpréter à votre façon les paroles de ce morceau cruellement addictif…
6 – De Aqui No Sales – Cap.4 : Disputa – Rosalia, El Mal Querer (2018)
En 2018, Rosalia s’affirmait sur la scène internationale avec son deuxième album El Mal Querer. Inspiré du roman médiéval Flamenca de Daude de Pradas (XIIIème siècle), cet opus relate de la toxicité des relations alternant entre amour, jalousie et conflit. Thème parfaitement illustré dans ce morceau où le son des « palmas », traditionnels claquements de mains du flamenco, rappelle celui des gifles.
7 – Tueur de fleurs – La Femme, Mystère (2016)
Avec Tueur de fleurs, Sacha et Marlon du groupe La Femme, s’adressent avec justesse et poésie au partenaire malade de jalousie. Au partenaire effrayé et désemparé par la liberté de celle qu’il a en face de lui. Au partenaire qui « pense faire le bien en voulant la protéger du mal. Mais le mal, c’est (lui) ». Au partenaire dangereux donc, mais qui sera le dernier à pleurer, dévoré par son mal être.
8- Backwards – Jorja Smith, Falling or Flying (2023)
Dans un morceau mélancolique, Jorja Smith réalise la toxicité d’une relation passée. La prise de conscience vient ternir les souvenirs, mais fait avancer la chanteuse qui n’est désormais plus passagère. Elle conduit son propre véhicule avec lequel elle aime rouler vite.
9- Alerte Rouge (La révolte) – Joanna, Sérotonine (2021)
Jouer peut se révéler dangereux… Dans son premier album Sérotonine, Joanna explorait les différents aspects de la relation amoureuse. Après la séduction, le sexe, la jalousie, puis le désamour, il est temps de fuir. Un « fils de pleurs emprisonnés » n’est jamais bon signe.
10- yt boy – Yoa, Chansons tristes (2022)
Et si la violence ne se trouvait pas que dans les recoins les plus sombres des ruelles ou de l’intimité ? Et si la violence était présente partout, tout le temps ? Totalement banalisés, les discours et habitudes sexistes font en effet partie intégrante de nos quotidiens. À travers la figure stéréotypée du « white boy », incarnée dans ce morceau par le chanteur Tomasi, Yoa dénonce les attitudes et manières accablantes des garçons privilégiés qui, sans s’en rendre compte, détiennent le monopole de l’expression et de l’action dans l’espace public.
11- Chaudasse – Kalika (2021)
« Pourquoi le plaisir ne serait pas gratuit ? Je pose mes fesses où j’ai envie ». La guerrière pop trash revendique, depuis ses premiers titres, l’indépendance et le droit à la liberté sans concession des personnes le plus souvent invisibilisées. Dans ce morceau, Kalika se réapproprie l’insulte de « chaudasse » pour en composer un refrain brûlant et terriblement entêtant.
12 – The Hardest Part – Olivia Dean, Messy (2023)
Se retrouver après une rupture et construire une nouvelle version de soi-même serait, selon la chanteuse britannique Olivia Dean, « la partie la plus difficile ». Mais le résultat de ce travail personnel pourrait également être la partie la plus frustrante pour celui qui cherche à retrouver celle qu’il détenait sous son emprise…
13 – Hate, Forever – Silly Boy Blue, Eternal Lover (2023)
« La Haine, pour toujours ». Tel est le programme de notre chère Silly Boy Blue. Après avoir séché ses larmes, la chanteuse originaire de Nantes est déterminée à assister à la chute de son ancien bourreau. Souvent associée à de l’hystérie ou du caprice, la colère est pourtant une émotion saine et libératrice. Preuve avec ce deuxième album intitulé Eternal Lover.
14 – Jamais – Toallita (2021)
« Bande de débiles ». Toallita non plus ne mache pas ses mots. Mettant sa colère au profit de sa création, l’artiste envoie tout valser dans ses morceaux courts et percutants. La musique comme thérapie ? Toallita y répond affirmativement et s’amuse à y renverser les stéréotypes de genre.
15 – Green Honda – Benee (2023)
Après avoir été au plus bas, il est à présent temps de célébrer la reprise de confiance en soi. L’Australienne Benee invite toutes ses copines à se pavaner avec elle au volant d’une Honda verte pétante. Objectif ? Narguer bien évidemment celui qui avait tout brisé. Deux mots pour clôturer cette playlist : PULL UP. L’empouvoirement est aussi un moyen d’éviter que des violences sexistes et sexuelles se représentent dans un parcours de vie.
20 ans ! Cela fait 20 ans que quelques étudiants, se comptant sur les doigts d’une main, ont entrepris…